Flora Urbanica est un micro-jardin laboratoire, une fenêtre ouverte sur la biodiversité ordinaire – celle qui nous entoure chaque jour. Ni protégée, ni rare, mais profondément résiliente, frugale et ingénieuse, cette flore spontanée façonne discrètement le paysage de nos villes. Elle surgit entre les pavés, au pied des immeubles, le long des routes, sur les chantiers ou dans les friches – ces interstices oubliés du Tiers paysage. Souvent ignorée, elle incarne pourtant une richesse biologique essentielle à la transition écologique que nous devons engager. Entre plantes spontanées des milieux urbains, chênaies mixtes, échappées de jardins, végétaux ornementaux naturalisés et espèces dites invasives, Flora Urbanica célèbre une palette végétale à portée de regard, loin des standards esthétiques du jardinage classique. Elle nous invite à observer la discrète floraison du Rumex acetosa, cette oseille sauvage au goût acidulé, ou à détailler les inflorescences fines de Matricaria chamomilla. Elle interroge la mauvaise réputation du Buddleia davidii, pourtant précieux pour les pollinisateurs et capable de prospérer là où rien d’autre ne pousse.

On y découvre aussi la Sanguisorba minor, délicieuse en salade, ou le spectaculaire Verbascum bombyciferum, ce « cierge géant » argenté aux vertus anti-inflammatoires, dont l’huile apaise les douleurs d’oreilles. Autant de « mauvaises herbes » d’hier, devenues aujourd’hui les notes discrètes mais essentielles de notre biodiversité urbaine. Installé début septembre, entre fin d’été et prémices d’automne, le micro-jardin présente 32 espèces en fleur ou en fruit à cette période de l’année. Le calendrier de mise en œuvre n’a pas permis l’introduction d’espèces à cycle court ou printanier, comme les coquelicots ou les narcisses. Mais c’est aussi cela, le vivant : accepter que le végétal fane une fois sa mission accomplie. Ce fané, ce sec, ce fruité font pleinement partie du récit de Flora Urbanica, qui célèbre le cycle naturel des plantes, dans toute sa richesse et sa simplicité.