Là où l’eau stagnait sur l’asphalte, la vie revient par les racines. Autour des Bassins à flot, le passé industriel murmure encore entre les pavés, les rails rouillés et les coques de hangars. Le Grand Port de Bordeaux, gardien de ces terres longtemps dévolues au stockage et à la circulation, entame aujourd’hui une nouvelle histoire, portée par Bordeaux Métropole, la Ville de Bordeaux et l’agence ANMA. Les poches de bitume, jadis dédiées au stationnement deviennent inutiles. L’enrobé cède la place à la terre. Le jardin urbain des bassins à flots naîtra ainsi, gagné sur l’imperméable, offert aux racines, aux jeux d’enfants et aux pas tranquilles.

En face du Musée de la mer, l’espace H37, aujourd’hui sans usage, deviendra jardin. Là, la végétation s’ouvrira au miroir d’eau des bassins, en lien direct avec le rythme des marées et le souffle du vent. Grâce au soutien de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, ces transformations rendent au sol sa capacité à respirer, à filtrer, à nourrir. Une terre longtemps enfermée retrouve ses fonctions essentielles. La palette végétale choisie, issue du territoire, s’inspire des forêts voisines, des haies bocagères, des prairies atlantiques. Résiliente face aux sécheresses, économe en ressources, elle prépare le quartier aux climats futurs. Ici, la mémoire du lieu est précieusement conservée. Les rails de chemin de fer et les pavés d’origine réapparaissent, non comme vestiges, mais comme témoins d’une transformation respectueuse. Une réflexion est menée autour de la méthode Miyawaki pour semer, dans ces interstices, des micro-forêts denses et vivantes, refuges pour oiseaux, insectes et ombres fraîches.

Ainsi, au cœur du quartier, naît une nouvelle écologie du quotidien — où la ville retrouve son sol, sa biodiversité, et son souffle.