Vestiges d’activités passées, les friches et délaissés urbains représentent aujourd’hui près d’un tiers du territoire de la ville de Bordeaux. Entre 2010 et 2015, la Mairie, via le Jardin Botanique, a engagé un travail ambitieux de localisation et d’identification de ces espaces à travers une cartographie évolutive et un indice de biodiversité. Ces lieux, sans usage apparent, sont pourtant riches de potentiels. Espaces d’expression spontanée, terrains de jeux improvisés ou territoires informels, ils résultent de dynamiques urbaines complexes, où s’entrelacent différentes temporalités et logiques. Longtemps délaissés, ils attirent désormais l’attention des collectivités, aménageurs et promoteurs, séduits par leur situation souvent centrale dans la ville.

C’est dans ce contexte qu’émerge la notion d’Espaces de Nature Urbains (ENU), qui regroupe aussi bien les espaces oubliés que pollués, en mutation ou résiduels. Leur point commun : une forme de nature présente en milieu urbain. À l’heure où la place de la nature en ville est au cœur des préoccupations, les ENU jouent un rôle crucial dans les choix à venir. Seront-ils mobilisés pour densifier la ville ? Réintégrés dans le réseau des espaces verts ? Quelles seront les modalités de leur gestion et de leur aménagement ? Avant toute décision, un travail d’identification basé sur des indicateurs qualitatifs et quantitatifs est essentiel. L’objectif est de construire un observatoire des ENU de Bordeaux, avec un indice de biodiversité attribué à chaque parcelle, allant de 0 à 4 — 4 représentant le stade ultime de revégétalisation. La cartographie, outil principal de cette démarche, devra rester évolutive afin de refléter les dynamiques en cours. Elle permettra ainsi de mieux orienter les projets d’aménagement en fonction des données écologiques spécifiques à chaque site. Une mise à jour de cette étude a été effectuée en 2020.